Introduction :
Depuis longtemps, le Canada est un pays multiculturel. Il renferme plusieurs immigrants, et le nombre de ceux-ci ne cesse de croître. Comme ces personnes sont venues d’un autre pays ou même d’un autre continent, elles ont souvent des expériences et cultures différentes que celles des Canadiens. De tous ces arrivants, il faut bien y en avoir qui veulent exprimer ces différences à travers la littérature. C’est bien le cas pour Kim Thùy, une auteure canadienne immigrée du Vietnam, et Dany Laferrière, un auteur canadien immigré de l’Haïti. Les deux auteurs décrivent leurs expériences personnelles dans leurs œuvres, notamment dans Ru (Thùy) et dans Pays sans Chapeau (Laferrière). Un thème commun entre les deux œuvres est donc l’expérience de vie des auteurs. Il est évident que les expériences des deux auteurs varient légèrement. Cependant, on retrouve des éléments communs, tels que la souffrance dans leur pays d’origine, l’immigration assez difficile et la perte de culture ou bien d’identité. De ces éléments, le plus important s’agit du sacrifice de l’identité pour avoir accès à une vie meilleure.
Résumé/mise en contexte de Ru/ vie de Kim Thùy :
D’abord, Kim Thùy est une femme qui s’est exilée au Canada avec sa famille à l’âge de dix ans pour fuir le Vietnam dans un état de guerre et de communisme. Puisque la famille cherchait l’exil, il est évident que l’auteure a connue des difficultés dans son pays d’origine et lors de son voyage au Canada. Après plusieurs années de misère et de travail intense, Kim a décidé de devenir auteure et d’écrire un livre racontant sa vie (une sorte d’autobiographie). En autres mots, son livre, Ru, est une collection d’histoires de son passé et de son présent, soit au Vietnam, soit sur la mer en tant que boat people, soit au Canada. L’histoire débute avec la naissance de l’auteure : Kim est née à Saigon pendant l’offensive du Têt. L’auteure a été conçue pour continuer la vie de sa mère. Cependant, l’immigration lui enlève le rôle de continuer la vie de sa mère. C’est le premier changement de culture dû à l’immigration. Le voyage en bateau est épouvantable et, malgré le fait qu’on va avoir une meilleure vie, il y a un risque de se faire tuer par des pirates, de mourir de faim, de manquer d’eau, de se faire retourner par des communistes, etc. Les voyageurs sont collés ensemble, engourdis, et entourés de vomi. Bref, jusqu’à présent, la vie est pourrie et l’exil n’est pas plus plaisant. La famille Thùy arrive enfin au Canada après un long voyage, et on s’aperçoit que c’est un pays de rêve. Malgré ce fait, les parents de Kim doivent travailler très fort pour pouvoir supporter la famille, spécialement après avoir tout perdu en quittant le Vietnam. Les rêves réalisables sont tombés à l’eau. Évidemment, le livre ne suit pas un ordre chronologique. On entend parler du camp de réfugiés en Malaisie, là où plusieurs sont morts, où il fait très chaud le jour, où les réfugiés sont collés ensemble la nuit. On apprend ensuite la deuxième perte d’identité de l’auteure : le vietnamien est rendu inutile, et Kim ne connaît ni le français, ni l’anglais. Ceci rend l’immigration encore plus compliquée. On retourne à la jeunesse de Kim, comment elle était timide et comment sa mère la poussait pour la rendre meilleure, comment sa première année était passée à Granby et comment elle ne savait ni manger avec une fourchette, ni parler ou comprendre les langues du Québec. On apprend aussi que Kim a dû travailler dans les champs après l’école pour faire quelques dollars. On apprend ensuite qu’il y avait des mouches partout à Granby et au camp de réfugiés, endroit rempli d’excréments. Les conditions de vie étaient horribles pour les immigrants. Avant de partir, les communistes sont venus prendre la moitié de la propriété de la famille, et ensuite ils ont pris la maison. La famille a donc été forcée à vivre avec dix soldats inspecteurs. C’est le début de la chute de la famille. Malgré le fait que Kim a perdu son identité, elle garde sa culture en préparant de la viande rissolée pour ses fils afin de préserver un geste d’amour des femmes vietnamiennes (qui cherchaient à retrouver leurs maris). Kim croit que l’amour se révèle dans l’abandon volontaire de ses enfants pour leur offrir une meilleure vie. Ceci développe vraiment le fait que les Vietnamiens souffrent, parfois au point de lâcher leurs enfants pour leur donner une chance de survie. En nourrissant ses fils de la crème glacée avec des bols bleus qu’elle a hérités de sa tante, Kim garde son identité d’une autre manière. Ces bols démontrent la misère de la famille puisqu’ils étaient les seules choses que la tante a gardées après être devenue bouddhiste. Kim se met à parler de sa jeunesse, mais au Canada cette fois. L’apprentissage était un défi, elle accumulait les connaissances au hasard, sans gradation ni logique. Comme la plupart des immigrants, Kim a tout perdu, elle a travaillé fort, et elle atteint la richesse en Amérique du Nord. Cependant, c’est à ce moment qu’elle perd vraiment son identité. Elle n’a plus le droit de se proclamer vietnamienne parce qu’elle a perdu leur fragilité, leur incertitude et leurs peurs. Elle a même fini par perdre sa langue maternelle. Les enfants de Kim n’ont pas la culture vietnamienne non plus; ils touchent la tête des autres, ce qui est une insulte pour les Vietnamiens. Une autre perte d’identité concerne la nourriture : en arrivant au Canada, la famille mangeait de la soupe, du porc et du riz pour déjeuner. Cependant, après un bout de temps, ces habitudes changent et on mange plutôt du pain ou des céréales. En perdant l’identité vietnamienne, Kim gagne une identité nouvelle : son chez-moi se résume à l’odeur du Bounce, une odeur ordinaire et simple du quotidien nord-américain. Kim parle ensuite de religion, un thème aussi retrouvé dans le livre de Dany. C’est que lorsqu’on souffre, on tourne souvent vers la religion en espoir d’avoir une meilleure vie. Les Vietnamiens souffrent tellement, en fin de compte, que les cicatrices deviennent leur signe. Ils sont moitié ci, moitié ça, rien du tout et tout en même temps, et ils partagent tous la même histoire, remplie de douleur. Finalement, Kim termine son livre en indiquant que tous les personnages qu’elle connaît ont pu s’en sortir avec de l’effort, et ce sont eux qui l’ont poussé à écrire le livre. Kim a pu elle aussi vivre à travers les moments difficiles, en s’inspirant de ceux qui y sont arrivés avant elle.
Résumé/mise en contexte de Pays sans Chapeau / vie de Dany Laferrière:
Ensuite, il y a Dany Laferrière, un homme qui s’est exilé au Canada après avoir été chassé de l’Haïti puisqu’il était journaliste. Comme l’Haïti est un pays pauvre, il est évident que Dany a dû souffrir quelque temps. Il a décidé d’écrire Pays sans Chapeau après un voyage en Haïti. Ça fait vingt ans qu’il n’a pas visité son pays d’origine, et plusieurs choses ont changé. Le livre décrit son retour et est une sorte d’autobiographie fictive. Il est facile de se perdre entre fiction et réalité, surtout puisque le livre parle de vaudou. À travers le livre, on voit comment Dany a perdu son identité en étant éloigné de son pays pendant vingt ans. Dany commence l’histoire en décrivant ses alentours : il écrit à sa table bancale sous un manguier au fond de la cour, près d’un chien mort entouré de mouches, dans un pays où habitent plus de sept millions d’hommes, de femmes et d’enfants affamés. Donc, dès le début du livre, on apprend que l’Haïti est un pays très pauvre et qu’il y a plusieurs mouches, comme dans la vie de Kim. La mouche peut donc bien représenter la pauvreté, la misère. On apprend ensuite que Dany est revenu visiter son pays après l’avoir quitté il y a vingt ans, et qu’il ressent la souffrance du pays dans l’air et la chaleur insoutenables. Dany n’a pas complètement perdu sa culture; il salue sa grand-mère décédée, Da, en jetant 3 gouttes de café par terre puisque les Haïtiens croient aux esprits. Cependant, il a perdu son identité dans le sens de la nourriture, comme Kim Thùy. La nourriture est capitale dans la famille de l’auteur; nourrir quelqu’un, c’est une façon de lui dire qu’on l’aime. Au Canada et aux États-Unis, par contre, ce n’est pas le cas. On mange simplement pour survivre. Il y a aussi deux autres signes qui indiquent que Dany a perdu son identité : il a peur de se changer devant sa mère et sa tante (qui éclatent de rire après l’avoir dit que ce n’était rien), et sa mère a peur de lui demander de prier, car il a changé lors de son exil en Amérique du Nord. Comme au Vietnam, on tourne vers la religion lorsqu’on souffre. Dany explique comment la nuit est noire et mystique en Haïti, un élément qu’il avait presque oublié. Il parle ensuite de zombis, évidemment une partie du livre remplie de fiction. Cependant, les Haïtiens pratiquent le vaudou, et une des croyances de ce culte est que les zombis existent. Néanmoins, le thème de la mort est présent, comme dans le livre de Kim. Dany explique qu’il y a famine et immondices partout en Haïti et que les trottoirs ne sont pas assez gros, donc on se déplace dans la rue, causant presque des accidents. Il est ensuite décrit comment il y a une odeur horrible à Port-au-Prince, endroit rempli de boue noire, de cadavres, de sueur et de pisse, où plus d’un million d’habitants habitent. Les habitants ont de longs doigts secs, des yeux grands, des visages osseux et la peau recouverte de poussière. Les conditions sont tellement mauvaises qu’on dirait qu’on est déjà morts. Malgré les difficultés dans la vie de l’auteur, sa mère lui traite comme un prince. Ce fait a beaucoup aidé Dany à s’adapter à la vie à Montréal, spécialement lorsque les autres ne voyaient en lui qu’un nègre. En s’adaptant à la vie à Montréal, Dany perd son identité de plusieurs manières : il ne comprend plus les choses les plus élémentaires en Haïti. De plus, puisqu’il est habitué à bouger rapidement, son ami Philippe doit lui rappeler que le temps ne coûte rien en Haïti. Dany visite ensuite son vieil ami Manu à Carrefour et il constate que c’est sale, puant, bruyant, pollué et mal construit. Bref, tout le pays d’origine de Dany est dans une mauvaise condition, rien ne va bien, tout le monde souffre. En conclusion, le livre, un mélange de non-fiction et de fiction, démontre surtout les troubles d’Haïti lorsque Dany était au Canada. Cependant, on peut imaginer les conditions avant son départ, et on apprend qu’il vit des difficultés à Montréal, qu’il est souvent mal traité à cause de sa race.
Compte rendu :
En gros, les vies des auteurs ont été décrites et résumées dans la partie du texte ci-dessus. Cependant, il faut bien développer le thème traité d’une manière plus détaillée. D’abord, on examine la vie et le message de Kim Thùy. Dès le début du livre, Kim parle de sa vie. En fait, le premier passage du livre explique le titre. Ce terme, « ru », est important et est retrouvé quelques fois lors de la lecture du livre. On définit ru comme étant un petit ruisseau ou écoulement (de larmes, de sang, d’argent) en français et comme étant une berceuse en vietnamien. Ceci a une assez grande importance puisque Kim utilise ce terme pour exprimer le travail intense des femmes vietnamiennes (la sueur comme un ru dans le visage). À travers son histoire, il est aussi évident que plusieurs larmes ont été écoulées, qu’une grande quantité de sang a été vue et un grand montant d’argent a été enlevé par les communistes ou les pirates. Kim indique aussi qu’un pays est comme une berceuse, soit ru en vietnamien. Plusieurs choses ont déjà été mentionnées ci-haut, mais il vaut bien en faire un résume clair. Comme Kim est née durant l’offensive du Têt et durant une période remplie de communisme, elle souffre depuis la naissance. Elle a toujours été timide, et les biens de la famille ont été possédés par les communistes. En fait, « chaque jour, [sa mère l’]obligeait à laver quatre carreaux du plancher et à nettoyer vingt fèves germées en enlevant leur racine une à une. [Sa mère les] préparait à la chute. Elle a eu bien raison parce que, très vite, [ils n’avaient] plus eu de plancher sous [leurs] pieds. » (Thùy, 23) À l’âge de dix ans, elle a dû traverser l’océan en bateau pour finalement se rendre à Granby. Cependant, avant d’arriver au Canada, elle a dû vivre dans un camp de réfugiés pour un certain temps en Malaisie. Ce camp était dégueulasse, rempli d’excréments et de mouches, et simplement épouvantable. En fait, « [Kim connaît] le chant des mouches par cœur. [Elle n’a] qu’à fermer les yeux pour les réentendre tourner autour [d’elle] parce que, pendant des mois, [elle devait s’accroupir] en petit bonhomme à dix centimètres au-dessus d’un bain géant rempli à ras bord d’excréments sous le soleil brûlant de la Malaisie. » (36) Même arrivée au Canada, l’auteure souffre. Elle ne parle que le vietnamien et est timide, donc elle ne cherche pas à apprendre. Sa langue est inutile, et sa mère doit la pousser pour qu’elle s’améliore. Elle ne sait même pas comment manger avec une fourchette, et le riz d’Oncle Ben n’est pas pareil à celui qu’elle mangeait au Vietnam. Après plusieurs années d’effort et de difficultés, elle étudie, elle apprend le français et l’anglais, elle travaille et elle améliore ses conditions de vie. Enfin, elle vit le rêve américain, mais elle trouve qu’elle a perdu son identité vietnamienne. Kim n’a plus peur comme les Vietnamiens, elle ne partage plus leurs pensées, elle est supérieure et moins hésitante. Elle a perdu sa langue maternelle, elle a appris à manger un déjeuner américain, et elle a oublié que l’amour venait de la tête. « Le petit s’est touché la tête avec la main. [Kim avait] complètement oublié ce geste, [qu’elle a fait mille fois quand elle était petite….] Il suffit de toucher la tête d’un Vietnamien pour l’insulter, non seulement lui mais tout son arbre généalogique. » (104) Bref, elle a dû sacrifier son identité vietnamienne pour se passer de ses difficultés au Vietnam et lors de son immigration. Tout comme Kim, « tous ces personnages de [son] passé ont secoué la crasse accumulée sur leur dos afin de déployer leurs ailes au plumage rouge et or, avant de s’élancer vivement vers le grand espace bleu, décorant ainsi le ciel de [ses] enfants, leur dévoilant qu’un horizon en cache toujours un autre... » (144) Kim indique donc qu’avec de l’effort et des sacrifices, on peut en sortir comme il le faut. Ce passage peut être interprété d’une autre façon, cependant. Peut-être que la crasse accumulée sur le dos est l’identité originale, vietnamienne dans ce cas. Peut-être qu’en déployant nos ailes au plumage rouge et or, on perd cette identité et on en gagne une nouvelle, soit l’identité nord-américaine…
Ensuite, il faut expliquer davantage la vie de Dany, ses difficultés, sa perte d’identité, son message. Comme dans Ru, le premier passage du texte explique le titre. Il explique que le pays sans chapeau est un terme utilisé en Haïti pour désigner l’au-delà parce que personne n’a jamais été enterré avec son chapeau. C’est une expression couramment utilisée par les personnages à travers l’œuvre. Comme dans le cas du livre à Kim, plusieurs choses ont déjà été mentionnées plus haut. Cependant, il est bien de faire une récapitulation. Il faut prendre en compte le fait que l’histoire est plutôt fictive, donc on fait des assomptions. L’histoire débute seulement lorsque Dany revient visiter son pays d’origine après l’avoir quitté il y a vingt ans. Par contre, on peut deviner à quoi ressemblait son enfance. Son père a été chassé du pays lorsque l’auteur était assez jeune, ce qui n’aide pas la situation. Le simple fait que l’auteur a habité en Haïti indique qu’il a déjà souffert. Le pays est surpeuplé, et les conditions sont horribles. Il a même dû quitter le pays puisqu’il avait peur de se faire tuer. Malgré le fait qu’il a été forcé de quitter le pays, son immigration n’a pas été aussi compliquée que celle de Kim. Au Canada, la vie n’est pas idéale : Dany se fait discriminer à cause de sa race. Cependant, sa mère lui traite comme un prince, et ça l’aide à persévérer à travers les difficultés. C’est cette mère qu’il va visiter en Haïti vingt ans plus tard. C’est lors de son retour qu’il voit l’état horrible du pays, qu’il apprend qu’il a perdu son identité haïtienne lors de son exil au Canada. Il s’installe sous un manguier dans sa cour à Port-au-Prince et indique qu’il « [est chez lui], pas trop loin de l’équateur, sur ce caillou au soleil auquel s’accrochent plus de sept millions d’hommes, de femmes et d’enfants affamés, coincés entre la mer des Caraïbes et la République dominicaine (l’ennemie ancestrale). [Il est chez lui] dans cette musique de mouches vertes travaillant au corps de ce chien mort, juste à quelques mètres du manguier. » (Laferrière, 11) Dans cette citation, les mouches peuvent illustrer la souffrance, tout comme dans le texte à Kim. Il existe donc un lien assez fort entre les deux auteurs, les deux ayant vécu la souffrance, des conditions inhumaines. Comme ça fait longtemps que Dany est parti de chez lui, il explore la région pour se rappeler des souvenirs, pour voir comment son pays a changé. Lors de son aventure, il croise des Haïtiens. Il indique que « [c]’est ainsi que Da [lui] décrivait les gens qui vivaient dans l’au-delà, au pays sans chapeau, exactement comme ceux [qu’il croisait] en ce moment. Décharnés, de longs doigts secs, les yeux très grands dans des visages osseux, et surtout cette fine poussière sur presque tout le corps. » (69) Juste par la condition des habitants, il est évident que Dany a dû souffrir avant de s’exiler au Canada. Quelques jours après avoir rencontré ces habitants décharnés, Dany rencontre son ami d’enfance, Philippe. Ils discutent de comment le pays a changé et comment Dany a perdu l’ordre des choses, comment il a manqué son pays. Ils parlent de la langue haïtienne, notamment le créole. « Il y a des choses que [Dany ne saurait] dire qu’en créole. Parfois, ce n’est pas le sens qui compte, ce sont les mots mêmes pour leur musique, la sensualité qu’ils dégagent [….] Il y a des mots que [Dany n’a pas] employés depuis vingt ans, [il sent] qu’ils manquent à [sa] bouche. » (204) Il est donc évident qu’en Amérique du Nord, l’auteur n’a pas parlé le créole. Il a dû laisser tomber son identité pour vivre dans un meilleur pays, comme Kim a dû le faire elle aussi. Il a commencé à manger simplement pour survivre, ignorant le fait que la nourriture est très importante pour sa mère, que c’est un moyen de dire à quelqu’un qu’on l’aime. La perte d’habitudes alimentaires est donc commune entre les deux auteurs immigrants. Dany a aussi oublié que la nuit est mystique en Haïti et que le temps ne coûte rien dans ce pays. Dany veut donc nous démontrer comment l’immigration peut changer notre vie, comme Kim l’a fait. Bref, comme Kim, Dany a dû changer pour avoir une meilleure vie. Les deux ont dû vivre près des mouches, ils ont dû changer leurs habitudes alimentaires, ils ont dû laisser tomber leur langue, ils ont dû apprendre à travailler plus vite, etc. Donc, même s’ils parviennent de différentes régions, Kim et Dany ont des histoires semblables, les deux ayant souffert et ayant perdu l’identité pour s’éloigner de ces souffrances.
Critique interne Ru :
Les problèmes exposés par l’auteure sont formulés clairement. Puisque dans ce cas les problèmes sont les difficultés dans la vie de l’auteure, il est évident que l’auteure appuie ses idées sur des données subjectives, soit des expériences personnelles. Cependant, puisque certaines de ces difficultés sont des événements historiques, l’auteure s’appuie aussi sur des données vérifiables (par exemple, l’offensive du Têt, le communisme…). Puisque les problèmes exposés par l’auteure sont des expériences personnelles, il n’y a pas nécessairement de « solutions » en tant que telles. Cependant, le tout est présenté d’une manière logique puisqu’il s’agit d’idées personnelles. Si les problèmes consistent de difficultés dans la vie, les solutions sont donc les manières de vivre avec ces difficultés. Dans ce cas, les solutions sont d’être persévérant, de travailler fort, de s’adapter à une autre culture pour pouvoir vivre une meilleure vie. Évidemment, la solution offerte par Kim Thùy vient logiquement des arguments exposés, car elle provient de vécu personnel. Ses propositions sont réalisables, c’est évident. Dans son cas, elle a dû persister et s’inspirer de ceux qui sont venus avant elle pour y arriver. En mettant de l’effort dans tout ce qu’elle faisait, elle a pu surmonter ses difficultés et vivre le rêve américain. Cependant, il a bien fallu changer de mode de vie, ce qui inclut une perte de langue maternelle, d’habitudes alimentaires, de valeurs familiales. Bref, le texte est logique et cohérent puisqu’il est complètement basé sur la vie de l’auteure. Elle a travaillé fort et a dû perdre sa culture en chemin, mais elle a pu s’offrir une belle vie dans un beau pays.
Critique interne Pays sans Chapeau :
Comme dans Ru, les problèmes formulés par l’auteur sont formulés clairement. Dany répète souvent que l’Haïti est dans un pauvre état, notamment concernant le nombre d’habitants, l’odeur et l’hygiène. Cependant, le livre est un mélange de fiction et de non-fiction, donc il y a des problèmes formulés un peu plus vaguement. Un exemple de ceci est vers la fin du livre. On parle beaucoup de vaudou, de zombis et de la mort, et on critique le christianisme. Si l’auteur est contre le christianisme, il l’illustre d’une manière vague. Il s’appuie certainement sur des données subjectives pour écrire son livre, puisqu’il consiste en majorité de vécus personnels. Cependant, comme dans le cas de Kim Thùy, certains éléments sont vérifiables puisqu’ils existent en Haïti (Port-au-Prince surpeuplé, odeur horrible, vols, meurtres, etc.). De plus, les problèmes que l’auteur expose sont semblables à ceux de Kim. Il a vécu de la misère et il explique ses difficultés ainsi que le mauvais état de son pays d’origine. La solution, comme pour Kim, était de vivre en Amérique du Nord pour avoir une meilleure vie. Ce n’est pas facile pour lui à cause de sa race, mais le fait que sa mère lui traite toujours de prince l’aide à persévérer. En fin de compte, Dany n’est pas aussi clair que Kim lorsque ça vient à expliquer ses expériences (ou bien ses problèmes) et leurs solutions. La solution est logique. Dany s’est fait chasser du pays par le fils de l’homme qui a chassé son père du pays auparavant. Il devait s’adapter à la vie montréalaise, apprendre à vivre comme un Nord-Américain et perdre son identité haïtienne. Donc, comme Kim, la vie de Dany s’améliore, mais il doit faire des sacrifices pour y arriver. Bref, il laisse tomber l’importance de la nourriture (une valeur très importante en Haïti), il fonctionne plus rapidement, il perd l’ordre des choses, il oublie que la nuit est dangereuse en Haïti, et il laisse tomber sa langue pour avoir une meilleure vie.
Critique externe Ru :
Pour évaluer la pertinence de Ru, il faut comparer le livre avec l’histoire du Vietnam. Comme Kim Thùy est née durant l’offensive du Têt et a habitée au Vietnam jusqu’à l’âge de dix ans, il est évident que l’histoire est pertinente et vraie. En fait, l’offensive du Têt venait tout juste de commencer à Saigon lorsque Kim est née. Ça s’est déroulé tout de suite après la nouvelle année du Singe en 1968. Comme il est confirmé en ligne, elle est bien partie en 1978, donc le tout est logique et cohérent. Durant cette période, les communistes étaient bien en train de prendre le Vietnam morceau par morceau. En terme des boat-people, c’est aussi très pertinent. Selon Wikipédia, c’est durant le régime communiste d’Hanoï (dès 1976) que les Vietnamiens ont décidé de fuir leur pays. Plusieurs sont morts à cause des pirates, de noyades ou de garde-côtes. En termes d’exécutions mentionnées par Kim, une recherche confirme que celles-ci aussi sont vraies. On estime qu’environ 65 000 personnes ont été exécutées, qu’environ 250 000 personnes sont mortes en voyage par la mer et qu’environ 926 000 boat-people ont survécu. Donc, par le moyen de la recherche, on peut confirmer que l’histoire est complètement pertinente et vraie. Ceci fait beaucoup de sens et confirme bien le fait que c’est une autobiographie et non une œuvre de fiction complètement inventée.
Critique externe Pays sans Chapeau :
Comme pour le livre de Kim, il faut comparer Pays sans Chapeau avec des faits historiques pour évaluer sa pertinence et son actualité. On sait déjà que le livre est en partie fiction. Cependant, on peut mesurer l’actualité des parties non-fiction et faire des liens entre les parties fictions et la réalité. Premièrement, on adresse la population en Haïti et plus spécifiquement, à Port-au-Prince. En 2009, il y a plus de dix millions d’habitants en Haïti, donc le livre est bel et bien composé d’éléments réels. La population de Port-au-Prince en 2009 est évaluée à environ 875 000 habitants, donc Dany a raison de dire qu’il y a presque un million d’habitants dans une ville. Juste pour donner une idée des conditions dans cette ville, il est estimé que la densité est de 24 305 habitants par kilomètre carré. Cependant, Toronto, une ville contenant plus que 2 500 000 habitants, a une densité d’environ 3 972 habitants par kilomètre carré. Ceci confirme le fait que les Haïtiens souffrent et qu’ils sont très collés ensemble. En ce qui concerne la géographie, Maupassant et le Morne l’Hôpital existent bien. Selon la biographie de Dany, Da est bien sa grand-mère et Marie sa mère. Cependant, aussi selon sa biographie, il décide d’immigrer à Montréal en 1976 après avoir entendu qu’un ami journaliste a été tué. Contrairement à ce qui est indiqué dans le livre, Dany retourne en Haïti en 1979, soit trois ans plus tard et non vingt ans plus tard. En ce qui concerne les parties fiction ou bien les zombis et la mort, c’est bien de la fiction, mais un lien peut être créé. Malgré le fait que les noms des dieux vaudou trouvés dans le livre sont faux et que les zombis sont exagérés, il est vrai que les Haïtiens croient aux esprits et aux zombis. Ils pratiquent le vaudou. Bref, il est vrai que le pays et Port-au-Prince sont remplis de souffrance. Par contre, la majorité du livre est fiction : tout ce qui concerne les zombis est fiction. On peut donc en conclure que le livre est semi-actuel, mais composé plutôt de fiction que de non-fiction. Contrairement au livre de Thùy, il s’agit d’une autobiographie fictive.
Conclusion:
Il est donc évident qu’il faut perdre une partie de soi pour pouvoir immigrer et avoir une meilleure vie. On veut tellement améliorer nos conditions de vie qu’on perd progressivement nos habitudes. Dans le cas de Kim Thùy, ce fait est illustré à travers la perte de sa langue maternelle, l’oubli du geste de se toucher la tête pour indiquer qu’on aime quelqu’un, le changement dans les habitudes alimentaires, ainsi que la confiance en soi augmentée. De plus, Dany Laferrière illustre ce fait en oubliant que le temps ne coûte rien en Haïti, en changeant lui aussi ses habitudes alimentaires, en ne pas parlant sa langue, en perdant le tour des choses, ainsi qu’en oubliant que la nuit est dangereuse en Haïti. Les deux auteurs immigrants écrivent à propos leurs difficultés, soit avant, pendant, ou après l’immigration. Ensuite, ils parlent un peu de leurs succès. En tout cas, la vie des deux auteurs s’est améliorée après avoir s’exiler au Canada, même s’il a fallu changer ses manières.
Bibliographie :
Thùy, Kim. Ru. Montréal (Québec) : Les Éditions Libre Expression, 2009.
Laferrière, Dany. Pays sans Chapeau. Montréal (Québec) : Boréal, 2006.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire